Pour d’autres bonnes pratiques, il va s’agir en fait d’informer et de communiquer : sur les travaux en cours plus que sur leurs résultats, sur les résultats plus que sur la méthode, sur la méthode plus que sur analyse comparative de cette dernière. Informer le public, permettre le recours de tiers, répondre si possible aux questions reçues, et favoriser l’acceptabilité sociale : bonnes pratiques, mais au bénéfice de qui ?
Puis restent quelques invitations, évasives et non contraignantes : diminuer l’usage de l’eau, augmenter la durée de vie des équipements, recycler les déchets. Lentement, sans objectifs quantifiés, sans autre sanction prévue que la possible opprobre de ses pairs.
On pourrait néanmoins et quand même se satisfaire de ces travaux, et des proclamations afférentes de bonne volonté, n’étaient trois écueils…
Premier écueil, cela contrevient au droit : ces régulations volontaires viennent se substituer à un cadre législatif réel, qui serait lui prescriptif, et l’appauvrissent. Pas de mécanisme de sanction en cas de non-conformité, pas de mesure de l’intérêt public dans le périmètre d’action proposé : les bonnes pratiques sont d’abord un contournement du droit. La législation est pourtant utilisée lorsque les enjeux sont estimés comme étant d'une importance telle qu'une réglementation formelle et obligatoire est nécessaire pour assurer la sécurité, la protection des droits ou la bonne conduite. Est-ce à dire que les activités des datacenters échappent à cette classification ? Mais pourquoi alors bon nombre d’entre eux sont classés comme organismes d’intérêt vitaux…
Second écueil, cela ne règle pas les problèmes auxquels sont censés répondre ces vastes initiatives d’autorégulation des acteurs de l’hébergement : les consommations énergétiques totales s’envolent, les gains d’efficience énergétiques sont tangentiels à zéro, les bilans carbone subissent les effets rebonds d’un nombre d’infrastructures toujours croissant, la soutenabilité du modèle de développement est mise sous le boisseau d’impératifs économiques, car il faut bien sûr répondre à la demande. On fait l’économie d’une réflexion sur une question plus vaste : quel est l’intérêt général dans ce secteur d’activité, comment le définir strictement et dans l’espace public pour mieux y tendre ?
Troisièmement et enfin, ces « bonnes pratiques », autorégulations, initiatives sectorielles vertueuses, sont aussi – surtout ? – des outils de légitimation de l’activité et de ses acteurs clés, sur des enjeux de réputation et de risque, dans la pratique fédératrice d’un discours vertueux de notre secteur sur lui-même.